CAN 2017 : Le SATOM oublié de la fête

Port-Gentil, à l’ouest du pays, loge la poule D de la Coupe d’Afrique des nations de football, Gabon 2017. La pression gagne le comité d’organisation de cet événement. Et, des voix s’élèvent à l’exemple des taximen réunis au sein du Syndicat autonome des transporteurs de l’Ogooué-Maritime ‘’SATOM’’, son Secrétaire général, Edmond Codjo dénonce cette marginalisation Propos recueillis.
par Olivier NZODI.
Mandji Infos : Port-Gentil est l’une des localités du Gabon à recevoir une poule de la Coupe d’Afrique des nations de football 2017, quel est l’apport de votre syndicat?
Edmond Codjo : Je ne sais comment commencer ou terminer à répondre à votre question. Nous ne sommes informés de rien officiellement. Le COCAN local ne nous a associés à aucun niveau. Personne proche du dossier ne nous a contactés. Nous profitons de l’occasion pour saluer l’initiative du Commissaire de ville qui nous a interpellés. Nous avons même convoqué une réunion en urgence le 12 janvier dernier pour signifier à nos syndiqués la conduite à adopter durant toute la période de la CAN chez nous.
Le commissaire nous a conseillés de donner certaines consignes à nos adhérents et sympathisants : il a souhaité qu’il n’y ait pas de désordre. Tant que nous ne sommes pas informés officiellement, nous n’avons d’autre choix que de nous organiser en interne. Les taximen feront leur travail comme d’habitude, c’est vrai qu’il y aura du monde. Nous allons aussi servir de guides aux visiteurs, l’accueil sera parfait. C’est un événement officiel qui implique le Gabon particulièrement ; à tout moment nous serons sollicités, notre syndicat est bien structuré. Donc, nous rassurons les usagers qu’au-delà de tout, nous sommes disposés à servir. Les touristes viennent souvent à Port-Gentil, nous travaillons toujours avec eux. C’est notre boulot, nous le faisons avec passion.
Les taximen savent que nous devrions prendre les visiteurs comme des princes. Au cours de notre dernière réunion, nous avons appelé nos membres à mettre un accent sur l’accueil et la qualité de nos prestations. Parmi les consignes, nous les avons exhortés à éviter les endroits sinistres, car l’image de la ville doit être préservée. La collaboration avec la municipalité pendant cette manifestation sportive est nulle. La mairie qui est notre partenaire ne nous a adressé aucune correspondance pour nous donner des directives ou nous associer à quelque chose, ce n’est pas son problème, je pèse mes mots. On ne nous considère pas. Nous sommes laissés à notre propre sort. Peut-être, parce que nous sommes un syndicat autonome.
Mandji Infos : Les contrôles des forces de sécurité et de défense vont sûrement s’accélérer, que prévoyez-vous ?
Edmond Codjo : A cette occasion, nous avons créé notre police syndicale qui va sillonner la ville, canaliser les taximen. C’est un appui que nous apportons durant cette période. Nous voulons surveiller nos propres membres pour le niveau comportemental de chacun. Nous avons sensibilisé les transporteurs sur l’aspect vestimentaire. Nous savons que nombreux, malheureusement, accordent peu d’importance à l’habillement, mais c’est une erreur très grave. Nous avons émis des idées auprès des autorités locales à ce sujet.
Nous n’allons pas percer l’abcès. Nous exigeons déjà que nos membres portent des badges à la place des blouses qu’ils refusent depuis des années. Nous mettons notre expérience au service de la population, et nous souhaitons un accompagnement de l’Etat. Les forces de l’ordre doivent nous aider à revoir l’accoutrement de certains d’entre nous. C’est à nous de valoriser notre profession. Si nous sommes contre la loi, qu’elle s’applique à nous, c’est également une façon de nous montrer la voie à suivre pour nous conformer à l’exercice de notre métier.
Mandji Infos : La CAN, un temps propice pour les commerçants de renflouer leurs caisses. Le prix du trajet sera stable ou il augmentera ?
Edmond Codjo : Nous sommes en train de pratiquer les tarifs officiels. Jusqu’à présent, ça n’a pas changé. Les autorités savent que le coût de la vie a changé depuis qu’elles avaient instauré le prix officiel à l’intérieur du pays : 100 frs et 1000 frs la course. Or, la réalité, nous la connaissons tous. Le prix du carburant a augmenté, les taximen n’ont pas réagi parce que ça n’a pas d’incident sur notre quotidien ; raison pour laquelle nous nous sommes tus. Le tarif est toujours le même. Le juste milieu est un arrangement entre le chauffeur et l’usager. Notre appel va à l’endroit de nos syndiqués : montrer que nous sommes sérieux et justes. Nous disons aux taximen qu’ils ne doivent pas être impliqués dans les ratées de la CAN. Ils doivent, au contraire, aider les autorités à bien vendre la localité. Il faut apporter de l’hospitalité à nos hôtes.